
Deux pieds tatoués BERLIIN, photographie digitale sur aludibon, 45 x 30 cm © MARS
Mars in berlin Köpenicker str. 147D 10997 Berlin Allemagne
« En septembre 2006, je crée BERLIIN, le double fantomatique de Berlin : une campagne d’affichage publique déployée dans les rues de Berlin associe le logo BERLIIN et une vue satellite de la ville.
Le 2 juillet 2007, je porte le logo tatoué à ma cheville, et déplace BERLIIN au-delà de Berlin. Depuis le 2 août 2007, cinq autres personnes sont tatouées du même motif à la cheville et la colonie BERLIIN est née : nous formons ainsi un territoire invisible dont la forme varie suivant nos déplacements.
BERLIIN hante le monde. » (Édouard Boyer). BERLIIN – KOLONIE : nouveau territoire, langue étrangère. Berlin avec deux i ? Et pourquoi cette dent tatouée, emblème et rébus (dent pour dans ?), logo post post détournant les codes du marketing, de la marque, pour ouvrir le message ? BERLIIN, ou l’aventure par simple redoublement d’une voyelle (« i rouge », écrit Rimbaud (1). Polygone-carte rouge) : comme une béance à laquelle le regardeur n’échappera que par le mouvement, une production personnelle et active, des associations multiples, une mise en réseau.
« La bêtise n’est pas mon fort », déclarait Monsieur Teste, personnage si clairvoyant qu'il renonce à sortir de l'anonymat (2). Volontiers cérébral, libre héritier d’une histoire et d’un style, Édouard Boyer a tout d’une tête brûlée – lui aussi fait le pari de l’esprit. Son travail alliant jeux de sens, imagination, liberté, sensibilité amusée, évolutif et mobile, ne dédaigne pas le plaisir de l’intellectualité. Dans la scène de l’art, Boyer serait l’anti « bling bling », tant ses oeuvres, quelles qu’en soient les réalisations plastiques (et la plasticité), mêlant dessins, photographies, textes, sites internet, sondages, protocoles divers…, se visualisent aussi mentalement. Soit qu’elles invitent à (re)faire la marche des process, décalages, glissements ou déplacements à l’origine de leurs formes, et formes eux-mêmes, soit que leur signification invite le regardeur à générer, s’il le désire, ses propres correspondances, dans une position de co-production. L’oeuvre d’É. Boyer est en soi et à dessein rhizomique, éclatée – interactive et démultipliée. Elle est aussi résolue à contourner, inverser, dissoudre les notions de signature et de propriété artistique, au profit de nouveaux modes de conception, d’usage et d’économie dans la circulation des formes.
Pour son exposition personnelle à MARS, E. Boyer construit un espace associant deux Walldrawings une série de « Paysages » photographiques et un objet-sculpture en forme de « Calendrier », polygone présentant les contours mobiles de BERLIIN.
« S’extraire du fourreau de la maison pour marcher dans la ville, être délié de l’amour-propre et en confier le récit à transcrire à quelques-uns, pour en être défait tout à fait », rêva un jour l’artiste.
Avec BERLIIN-KOLONIE, espace pluriel et mouvant, cette marche progresse, métaphorique, processuelle, rétinienne. Marche individuelle et collective. Marche des colons tatoués BERLIIN.